1er avril 2012
La route d'aujourd'hui sera longue, nous avons plus de 350km à faire pour rejoindre le village de Yen Binh que nous ne verrons que de nuit. Nous allons, ce soir, loger chez l'habitant, dans une maison accessible uniquement à pied ou en moto, toilettes et robinet dans le jardin, cuisine au feu de bois, et juste une ampoule dans la pièce principale. Je vous raconterai à la fin le traquenard dans lequel nous sommes tombées !!!
Notre guide au volant, nous partons donc pour les 350 km de routes et pistes. Il faut savoir qu'au Vietnam, les distances ne se mesurent pas en km mais en heures... partis à 8h30 de Meco Vac, nous n'arriverons à destination qu'à 19h30 le soir, éreintées, avec quelques arrêts en route tout de même.
Nous faisons tout d'abord un petit tour au marché de Méo Vac, toujours éblouies par les vêtements traditionnels de ces femmes si fières et si belles.
Le marché n'est pas seulement un endroit où les habitants des petits villages environnants viennent acheter, ou vendre leurs productions. C'est un lieu de rencontre très important dans la vie de ces gens, un lieu d'échange, de conversation, d'amusement... c'est également au marché que les jeunes filles et les jeunes hommes viennent, parés de leurs plus beaux vêtements, chercher l'âme soeur...
Les hommes ne sont pas en reste, le béret est de mise !
Nous empruntons ensuite une toute petite route goudronnée très vertigineuse (le mot est faible) où nous découvrons après seulement quelques minutes, au détour d'un virage, un paysage incroyable.
Un truc de fou ! En fait, les mots manquent pour décrire le paysage que nous avons vu – que nous avons eu la chance de voir. Ca sera à ce jour pour moi la route la plus pittoresque du monde, l'un des paysages les plus beaux et les plus époustouflants qu'il m'ait été donné de voir. Le truc qui te fait dire qu'après avoir vu ça, tu peux mourrir tranquille (enfin, le plus tard possible !)
Les quelques photos (d'autres sont dans l'album correspondant 15-Road-Trip-:-Meo-Vac-to-Yen-Binh ) ne rendent bien évidemment pas à ce paysage son caractère grandiose et magique... nous avions littéralement le souffle coupé par tant de majestée. Cette route est celle qui mène de Meo Vac au village de Dong Van... vous pouvez rechercher sur google.
Tous les superlatifs qui me viennent à l'esprit seront pas assez forts pour raconter ce que j'ai vu.
Une minuscule route à flan de montagne, le vide en dessous, une immense vallée à perte de vue, des sommets vaporeux dans la brume... incroyable, vraiment...
Nous prenons mille photos, malheureusement aucune d'elles ne vous donnera ne serait-ce qu'une petite idée de combien cet endroit est grandiose... nous avons tout ça dans notre mémoire, précieusement...
Après 2 heures de voiture et d'autres paysages incroyables traversés, nous arrivons donc à Dong Van, où se déroule le grand marché hebdomadaire (nous sommes dimanche), rendez-vous incontournable auquel participent tous les groupes ethniques de la région.
Je ne m'y connais pas assez pour vous faire une description détaillée des différents groupes ethniques et de leur culture, mais voilà ce que j'ai appris ces derniers jours :
Il y a au Vietnam 54 ethnies différents. La majoritaire est l'ethnie des Kinh, aussi appelée Viet, celle que nous connaissons, et qui représente plus de 80% de la population. Ensuite, on trouve les H'mong, la minorité la plus connue car ils ont une importante population aux états unis, qui soutient les mouvements de rébellion de leurs congénères au Vietnam contre le gouvernement.
Viennent ensuite dans le désordre les Dao (prononcer Zao), les Giays (prononcer Zaï), les Lolos, les Tay (2ème rang après les Viets au niveau de la population) et bien d'autres encore que je ne saurais citer. Les moins peuplées d'entre elles comptent à peine 200 individus.
Certaines ethnies sont encore divisées en sous-groupes, en fonction de leur tenue (on trouve par exemple les H'mong noirs, les H'mong rouges, les H'mong fleuris etc...).
Les minorités vivent principalement dans le nord du Vietnam, et portent leur costume traditionnels au quotidien pour montrer leur appartenance et leur détermination à se différencier des autres. Le gouvernement Vietnamien a longtemps eu une politique d'assimilation, qui avait pour but de fondre les minorités dans la masse. Aujourd'hui, constatant la force culturelle de ces groupes, le gouvernement les tolère plus ou moins, en tous cas ne les réprime plus.
Chaque groupe ethnique a donc son costume, mais aussi son langage propre. On retrouve 5 grands groupes linguistiques, eux-même divisés encore en sous-groupes. Presque tous parlent le Viet, la langue officielle enseignée à l'école. Depuis peu, certaines écoles locales enseignent la langue traditionnelle du groupe du village.
Après cette longue ballade dans le marché, l'achat de quelques étoles incroyablement colorées, nous repartons sur la route pour 6 longues heures de trajet.
Ici encore, grâce à notre guide, nous aurons la chance de pouvoir accéder à un village lolo, à l'extrême nord du pays (à peine à un kilomètre de la frontière avec la Chine). Nous devons nous faire accompagner d'un guide officiel que nous ne devrons pas quitter d'une semelle. Les maisons sont faites en pisé (ils sont partout ces dauphinois !!!) et nous ne croisons pas grand monde dans le village. Probablement aux champs ?
Une vieille dame d'un âge impossible à définir nous ouvre cependant sa maison, contente de nous raconter quelques bribes de son histoire et de nous montrer son intérieur, extrêmement rudimentaire, sans eau courante, ni électricité bien évidemment. Nous prenons quelques photos, la remercions chaleureusement, et reprenons notre route à contre-coeur. Ce genre de rencontre me comble, me rempli le coeur d'une sorte de bienveillance... une grande chance en tous cas !
Les paysages fabuleux croisés tout au long de la route nous tiennent éveillées, c'est magique d'être ici ! Toujours ces cultures en terrasse à perte de vue : l'optimisation du territoire est chose acquise ici !
Nous assistons en chemin aux scènes de la vie quotidienne des habitants du coin qui doivent chaque matin bénir les dieux de les avoir fait naître dans une région aussi magnifique... ou au contraire, les haïr de la dureté de la vie sur les flancs de ces montagnes arrides et abruptes...
Regardez bien, il y a, en plus du fagot, 3 personnes sur la moto !
Enfin arrivés à destination (après donc, au total, près de 8h00 de voiture), chez un habitant du petit village de yen Binh qui est aussi un ami de notre guide et qui accueille des groupes de trekkeurs, nous nous rafraîchissons (on ne peut pas parler de douche ici!) et passons à table.
Des amis de nos hôtes sont ici aussi, et nous invitent partager avant, pendant et après le repas l'alcool de riz et de maïs qui coulera à flots durant toute la soirée !! Impossible de refuser sans froisser nos hôtes... nous connaissons tout de même nos limites et restons raisonnable (enfin, autant que possible) d'autant plus que le goût de ces alcools n'est franchement pas des plus agréables, et que nos hôtes et leur amis sont déjà bien allumés !
On passe vraiment une bonne soirée, on rigole bien; je réalise cette chance que j'ai de pouvoir vivre ces moments, rencontrer ces gens si chaleureux et accueillants. Le confort est certes spartiate, mais cette chaleur humaine et cette joie de vivre valent mille fois plus ! Je suis dans une bulle, à cent mille lieux de la réalité. Déconnection totale !
C'est pas du vrai... pas bon du tout !!!!
Je n'ai même pas mal aux cheveux le lendemain matin... pas vraiment prête à recommencer pour autant :-D
Notre logement, le lendemain matin :
La salle de bains :-D
